Le système concentrationnaire nazi était complexe et étendu. Adolf Hitler, nommé chancelier en 1933, décida de mettre en place des mesures d’exclusion et de ségrégation des Juifs. Puis, en 1935 furent votées les lois de Nuremberg qui retiraient aux Juifs du pays la nationalité allemande et leurs droits civiques. Alors commença la persécution des Juifs. Hitler prétendit vouloir les chasser du territoire allemand qu’il fit en sorte d’agrandir en envahissant d’abord quelques pays à l’Est de l’Allemagne. Ainsi, le 28 septembre 1939, au titre dudit « Pacte Germano-Soviétique », l’Union soviétique et l’Allemagne se partagèrent le territoire polonais. En Pologne, les nazis entassèrent les populations juives dans des Ghettos (les plus importants furent ceux de Varsovie, de Lodz et de Cracovie, entre 1940 et 1941). La faim et les épidémies y entraînèrent la mort de milliers de personnes. Cette étape fut la première du processus de ce que les nazis nommèrent « Solution Finale » comprise comme l’appel d’Hitler à ses sbires nazis à l’extermination des Juifs d’Europe. Ce qu’ils firent d’abord par fusillade puis par gazage. Cette méthode était pratiquée dans des camps en Pologne. Parmi ceux-ci, le plus connu est le complexe concentrationnaire d’Auschwitz qui fut créé par l’Allemagne nazie en Pologne. Quelques survivants ont raconté l’horreur de ce camp à travers des témoignages. Nous citerons, entre autres, celui de Ida Grinspan, née de parents Polonais à Paris et rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz où elle a été déportée en 1944. Auschwitz a été le plus grand camp construit par les nazis. Les habitants des alentours furent expulsés et près de 300 membres de la communauté juive d’Auschwitz furent arrêtés et utilisés comme travailleurs pour construire le camp. Les premiers prisonniers arrivèrent en juin 1940. Le camp initial ne suffisant plus, il fut étendu en mars 1941. Himmler ordonna son agrandissement pour qu’il puisse contenir 30 000 prisonniers. Initialement, Auschwitz n’était pas destiné à devenir un camp d’extermination. Himmler voulut ensuite la construction d’un second camp, à Birkenau (à 4 km du camp principal), pour y concentrer 100 000 prisonniers. Cette enceinte était dirigée par les SchutzStaffel (SS), principale organisation du régime nazi, sous les ordres de Henrich Himmler. Le responsable du camp était le SS Obersturmbannführer Rudolf Höss, jusqu’à l’été 1943. Le 20 mai 1940 ce camp commença sa sinistre besogne. C’est là que siégeait la direction responsable de l’ensemble du complexe concentrationnaire d’Auschwitz. C’était le camp principal ou « camp souche ». Environ 15000 détenus de différentes nationalités, dont de nombreux Polonais, et des Juifs y étaient enfermés. L’entrée dans le camp se faisait par un portail qui, comme sur la grille d’entrée du camp de Dachau, arborait l’inscription : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre). Birkenau avait superficie de 175 hectares comportant 175 baraquements, dont 45 en briques et 22 en bois encore intacts aujourd’hui. C’est dans ce camp que la politique d’extermination fut systématique à l’encontre des juifs d’Europe. Notons que c’est le 27 mars 1942 que partit le premier convoi de déportés juifs de France vers Auschwitz. Ce camp est le plus grand mais aussi celui qui fonctionna le plus longtemps. Les nazis n’y eurent de cesse de perfectionner leurs méthodes de mises à mort afin d’y exterminer toujours plus de personnes en systématisant leur exécution d’une façon quasi industrielle. Le 3 septembre 1941, des prisonniers soviétiques furent utilisés comme cobayes pour tester l’efficacité du gaz Zyklon B. Après cet essai, une chambre à gaz fut construite à l’extérieur du camp principal en février 1942. C’est à Birkenau que les nazis mirent en place la plupart des installations servant à faire périr en nombre, femmes, hommes et enfants, et ce de façon continue. Il y eut dans ce camps 4 Chambres à gaz et fours crématoires ; 2 Chambres à gaz provisoires situées dans des fermes de paysans et adaptées spécialement pour ce but ; des fosses et des buchers d’incinération. En mars 1942, un camp de femmes fut construit pour 6000 prisonnières à Auschwitz, mais en août 1942 il fut déplacé à Birkenau pour pouvoir accueillir plus de femmes. Les déportés, hommes, femmes et enfants, arrivaient de toute l’Europe, entassés par centaines dans des wagons de marchandise verrouillés pendant le trajet. Ils ne recevaient ni à boire ni à manger, n’avaient aucune toilette à leur disposition. Le voyage pouvait durer jusqu’à 10 jours. Dans de telles conditions, en arrivant à Auschwitz, une partie d’entre eux étaient morts. A partir de l’été 1942, les Juifs déportés à Auschwitz sont soumis, dans le cadre de la « solution finale », à la sélection. Celle-ci était souvent effectuée par un médecin SS. Les hommes étaient séparés des femmes et des enfants. Ils formaient ainsi deux groupes. Ceux qui étaient jugés inaptes au travail, c’est-à-dire les enfants de moins de 16 ans, les vieillards, les infirmes et les femmes enceintes, étaient immédiatement dirigés vers les chambres à gaz. OCTOBRE 1942 : le Camp de travail pour les usines IG FARBEN. L’une des filiales de ce camp, la Degesch, sera amenée à fabriquer le gaz Zyklon B, celui-là même qui était utilisé par les nazis dans les chambres à gaz. Le camp de Monowitz, avait d’abord été conçu comme un camp de travail. Pourtant, y furent exterminés un grand nombre de ceux qui y furent conduits. Le camp de Monowitz était associé à la Buna Werke, une fabrique de caoutchouc où étaient envoyés les détenus désignés aptes au travail. L’usine a été entièrement construite par les prisonniers qui ne reçurent pour ce faire que le minimum d’outils. Ils recevaient très peu de nourriture. L’épuisement ou l’inanition, après quelques mois, les conduisaient très souvent à la mort. Mais de nouveaux prisonniers arrivaient régulièrement. Monowitz a été le seul sous-camp d’Auschwitz à avoir été bombardé par les Alliés en 1944, car l’usine de la Buna était une cible militaire. Ces bombardements empêchèrent la construction de la Buna et pas un kilo de cacoutchouc ne pourra sortir de l’usine pendant toute la durée de la guerre. Monowitz deviendra le plus grand camp de travail en activité d’Auschwitz. En ce qui concerne ceux qui n’étaient pas sélectionnés, ils étaient conduits au Zentralsauna pour la procédure d’admission au camp. C’est à partir de ce moment là que commençait le processus de déshumanisation. Ils étaient déshabillés, tondus, désinfectés. De plus, c’est dans le camp d’Auschwitz, à partir de 1942, que les déportés étaient tatoués d’un numéro sur l’avant-bras, puis après une période de quarantaine, étaient affectés à une équipe de travail à Monowitz ou à Birkenau. S’ils constituaient un système d’extermination, les camps étaient aussi, ce qu’on ne sait pas toujours, un système économique fondé sur l’esclavage. Les déportés gardés en vie à leur arrivée à Auschwitz ou dans les autres camps devaient pouvoir servir l’économie allemande et son effort de guerre. Considérés comme « rentables », ils étaient utilisés comme main d’œuvre gratuite, taillable et corvéable à merci. Bref, ils étaient transformés en esclaves. Epuisés par le travail, beaucoup d’entre eux mouraient. De plus, certains travaillaient dans ce que l’on appelait le Kanada du camp de Birkenau qui était composé d’une trentaine de baraques en bois servant d’entrepôts. Y était déposés et triés les bagages et tous les biens personnels des déportés. Tout ce qui était en bon état était expédié à l’intérieur du Reich. Mais certains déportés Juifs étaient chargés d’un travail beaucoup plus inhumain. Ils faisaient partie des équipes du Sonderkommando qui étaient constitués d’un millier de déportés Juifs. Le Sonderkommando était chargé de la destruction des cadavres et de toutes les tâches annexes, passant du nettoyage des chambres à gaz à l’arrachage des dents en or. Quant à la vie dans les baraquements, les déportés devaient supporter les odeurs insalubres, la promiscuité, le froid et le manque de confort. La camp atteint son activité maximale entre mai et juillet 1944 avec le début de la déportation massive des Juifs de Hongrie vers Auschwitz-Birkenau. Chaque bloc abrite 700 prisonniers, soit 4 par couchette. Humidité, fuites d’eau des toits, paille et paillasses souillées par les prisonniers souffrant de diarrhée, de la faim, de vermine grouillante, rats… Manque chronique d’eau, absence d’installations sanitaires convenables. Tel est le terrible lot quotidien des détenus. Réduits à l’état d’objets totalement déshumanisés, les déportés devaient pouvoir être utilisés au maximum. Des milliers d’entre eux ont ainsi subi des « expériences » médicales menées notamment par le Dr Mengele, parfois baptisé le « médecin de la mort » dans le Revier, l’infirmerie du camp – en fait, plutôt un mouroir. De pseudo recherches y furent entreprises sur le typhus. Pour ce faire, la maladie était injectée à des détenus ainsi considérés comme des cobayes. À partir du printemps 1942, des convois en provenance de toute l’Europe occupée convergent vers Auschwitz. Ce sont donc près d’1,3 million de personnes qui ont été déportées, dont 1,1 million de Juifs. Environ 1,1 million de Juifs y ont été assassinés, parmi lesquels 69 000 Juifs de France. Il faut préciser que les Juifs morts à Auschwitz ont constitué 90% des toutes les victimes du camp. Ensuite venait, en nombre de victimes, les Polonais, soit environ 74 000, puis les Tziganes, 21 000, et les prisonniers de guerre soviétiques, 15 000. Quelques milliers seulement ont pu survivre. Le 26 novembre 1944, Himmler ordonna de détruire les chambres à gaz et les crématoires du camp pour faire disparaître les preuves matérielles du génocide. Commence ensuite, à partir du 18 janvier, « la marche de la mort ». Près de 60 000 détenus sont évacués vers des camps de concentration plus à l’ouest : Bergen-Belsen (où meurt Anne Frank), Dachau et dans d’autres camps en Allemagne, ou encore en Autriche. La libération d’Auschwitz par les troupes soviétiques fut l’effet du hasard et de l’évolution de la ligne de front. Les Soviétiques entrèrent à Auschwitz le 27 janvier 1945. Il ne restait que 6 des 29 magasins ; les crématoires avaient été dynamités. Seuls 7 000 détenus avaient survécu. Rien n’était prévu pour les prendre en charge. L’ensevelissement des morts, les soins aux blessés et le rapatriement des déportés furent improvisés dans le plus grand désordre. Primo Levi raconte l’horrible Odyssée de son retour d’Auschwitz dans La Trêve, en Italie. La libération des camps a pris 4 mois (de janvier à mai 1945). Mais pour beaucoup de détenus, cette période fut la plus difficile de leur déportation. En effet, devant l’avancée des armées alliées, les nazis ordonnèrent l’évacuation des camps, lançant sur les routes des milliers d’hommes et femmes affamés et affaiblis. Ce furent pour le plus grand nombre autant de « marches de la mort » pendant lesquelles de nombreux déportés périrent d’épuisement ou exécutés par les SS lorsqu’ils n’étaient plus en état de marcher. Les Soviétiques ne divulguèrent pas tout de suite leur découverte d’Auschwitz. Sans doute, la présence des camps soviétiques du Goulag en Sibérie les conduisait à rester discrets sur le système concentrationnaire nazi. Il fallut attendre quelques mois pour que les Soviétiques, craignant d’être dépassés par la propagande américaine, firent en sorte de se faire valoir comme les libérateurs du camp. Ainsi, au printemps 1945, ils réalisèrent un film de propagande dans lequel ils demandèrent aux déportés de mimer leur libération.