« Conçu à l’origine comme camp militaire, le « camp militaire Joffre de Rivesaltes » fut « Centre d’Hébergement » pour les Républicains espagnols, pour les Juifs étrangers et pour les Tsiganes, « Centre inter-régional de rassemblement des Israélites » avant la déportation à Auschwitz via Drancy et, plus tard, « Camp de regroupement des Harkis et de leurs familles » en vue de leur reclassement. Le camp de Rivesaltes fut donc le lieu d’internement et d’exclusion de dizaines de milliers de personnes de différentes origines, nationalités et cultures qui, outre le fait d’avoir subi un déplacement forcé, ont été exclues parce que la France les considérait comme « indésirables », les internant et les reléguant, non pour des délits commis sur son territoire, mais pour le danger potentiel qu’elles étaient susceptibles de représenter. Il a vu passer un demi-million de réfugiés fuyant le franquisme et a servi de camp de transit avant la déportation des juifs français vers l’Allemagne, environ prés de 10.000 au total ont été internés. Ce sont ensuite 21.000 harkis et leurs familles qui seront accueillis en 1962 à la fin de la guerre d’Algérie. Longtemps, les 612 hectares du camp Joffre, dit « camp de Rivesaltes », ont semblé enfouis dans la mémoire collective, comme une part d’histoire à ne pas dire. Longtemps, ceux qui y ont vécu l’enfermement n’ont pas eu de lieu qui racontait leur histoire et se faisait écho de leur mémoire. Pourtant, l’histoire de l’Europe du XXe siècle résonne encore dans les vestiges de ces baraques, écho des conflits majeurs que furent notamment la Guerre d’Espagne, la Seconde Guerre mondiale et la Guerre d’Algérie. Ce sont ces vestiges qui nous permettent aujourd’hui d’aborder soixante-dix ans de notre histoire. Parce que regarder le passé, c’est construire l’avenir, parce que les souffrances de ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants devaient être connues de tous, parce qu’il ne pouvait admettre que l’on nettoie les lieux et la mémoire, Christian Bourquin, alors Président du Conseil Général des Pyrénées-Orientales a soutenu le projet de Philippe Benguigui et de Me Serge Klarsfeld, désireux de ne pas laisser ce lieu de mémoire abondonné de tous et a alors initié à leurs côtés, dès 1998, la création d’un Mémorial du Camp de Rivesaltes. Après de nombreuses réunions et déplacements à l’étranger, c’est à partir de janvier 2012 que la Région Languedoc-Roussillon, avec le soutien du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, a repris la maîtrise d’ouvrage du projet, devenant ainsi la première région de France à porter un projet mémoriel. Conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, ile Mémorial du Camp de Rivesaltes a été inauguré le 15 octobre 2015 par le Premier Ministre Manuel Valls. La présence du Premier Ministre est en soi une pleine satisfaction confirmant la necessité de notre engagement au nom de la mémoire et son dépôt de gerbe en l’emplacement de notre Espace de Mémoire des Stéles du Camp de Rivesaltes, materialise à jamais ce lieu de souffrance. Ce Mémorial désormais construit sur l’ancien îlot F du camp, avec un bâtiment de 4000m2 est un espace de référence de l’histoire des déplacements contraints de populations et de leur mise sous contrôle, mais également à présent un lieu de mémoire incontournable. Nous nous félicitons de la présence du Premier Ministre Manuel Valls et de Madame Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education Nationale, à cette inauguration, aux côtés de Maître Serge Klarsfeld, Président des Fils et Filles des Déportés de France et Président d’Honneur de Zakhor Pour La Mémoire, de Philippe Benguigui, Président National de Zakhor Pour La Mémoire, et de Laurent Coronas, Vice-Président National de Zakhor Pour La Mémoire.
Zakhor au nom de tous !!! »